suite à une FIV: Première naissance d’un bébé « à trois parents » . Pour un couple de Jordanien de c
Les spécialistes de la reproduction récusent souvent la formule, mais elle résume la percée réalisée par une équipe américaine, dans une clinique mexicaine : un enfant « à trois parents » serait né il y a cinq mois, porteur du patrimoine génétique de ses parents, mais aussi d’ADN provenant d’une donneuse. Le bébé, un garçon, serait le fils d’un couple de Jordaniens qui avait déjà donné naissance à deux petites filles décédées à l’âge de 6 ans et de 8 mois, indique le New Scientist : toutes deux étaient atteintes du syndrome de Leigh, une maladie liée à un dysfonctionnement des mitochondries, de minuscules usines à énergie présentes au cœur des cellules. La mère était porteuse saine de cette maladie, un quart de ses mitochondries étant touchées par une mutation dans leur ADN.
Procédure interdite aux Etats-Unis
Le couple a fait appel à John Zhang, président fondateur du Centre de fertilité New Hope de New York, une clinique qui a des antennes en Chine, en Russie et au Mexique, pour procéder à une tentative de fécondation in vitro faisant appel à une technique de transfert du noyau.
Le docteur Zhang a extrait le noyau (porteur de l’ADN) d’un des ovocytes de la mère et l’a inséré dans celui d’une donneuse dont le noyau avait été préalablement ôté. L’ovocyte disposant de mitochondries saines a été fécondé in vitro avec un spermatozoïde du père. L’embryon ainsi engendré était donc porteur de l’ADN nucléaire des deux parents et de l’ADN mitochondrial (ADNmt) fonctionnel de la donneuse – les rares mitochondries apportées par le spermatozoïde sont en effet détruites lors de la fécondation.
Selon le New Scientist, sur cinq embryons créés de la sorte, un seul s’est développé « normalement » et a pu être réimplanté chez la mère, qui a ensuite connu une grossesse normale. L’équipe new-yorkaise a effectué cette procédure de fécondation in vitro et d’insémination au Mexique, car elle est interdite aux Etats-Unis.
Elle est en revanche autorisée au Royaume-Uni – où elle n’a encore jamais été tentée –, mais selon une modalité un peu différente : l’ovocyte de la mère et celui de la donneuse seraient d’abord fécondés par des spermatozoïdes du père, puis énucléés avant qu’ils ne se divisent pour donner un embryon. Le noyau de la donneuse serait alors éliminé et remplacé par celui de la mère pour former l’embryon.
Le bébé se porterait bien
Le New Scientist précise que le couple jordanien, de confession musulmane, souhaitait minimiser les destructions d’embryons et a pour cette raison choisi d’opter pour l’autre technique. En outre, l’équipe médicale a sélectionné un embryon masculin, afin d’éviter qu’à l’âge adulte il ne transmette la maladie à sa descendance. Pour Sian Harding, qui a procédé à l’examen éthique de la procédure approuvée au Royaume-Uni, cette approche est « aussi bonne ou même meilleure que ce qui serait fait en Angleterre », indique l’hebdomadaire.
Aucune précision n’est cependant donnée sur le devenir d’éventuels embryons féminins, écartés par principe – ni sur le coût et les modalités de prise en charge de la procédure. Le bébé, aujourd’hui âgé de 5 mois, se porterait bien, selon l’équipe médicale, qui a précisé au New Scientist que seules 1 % de ses mitochondries sont porteuses de la mutation délétère.