"Abus d'antibiotiques : une catastrophe annoncée"
Les antibiotiques sont l'arme la plus puissante contre les infections bactériennes. Mais à force d'en abuser, ces médicaments ont perdu de leur efficacité et les bactéries ont appris à s'en défendre
Chaque année en France, 12.500 personnes meurent des suites d'une infection causée par des bactéries résistantes. Les coupables se nomment Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae ou encore staphylococcus aureus… À chaque fois que les antibiotiques sont utilisés en excès ou dans de mauvaises conditions, les bactéries peuvent muter et deviennent alors très difficiles à éradiquer. Si rien n'est fait, demain, de banales infections ou des opérations chirurgicales peu risquées pourraient devenir mortelles.
La résistance des bactéries aux antibiotiques est devenue un problème sanitaire majeur et certains imaginent déjà un scénario catastrophe. En 2050, ces "super-bactéries" pourraient être à l'origine de dix millions de décès dans le monde, autant que le cancer aujourd'hui.
Les Français parmi les plus gros consommateurs d'antibiotiques en Europe
Malgré le slogan "Les antibiotiques, c'est pas automatique !", martelé depuis 2002, les Français font toujours partie des plus gros consommateurs en Europe. Une surconsommation que l'on retrouve aussi chez les animaux d'élevage dont les bactéries, devenues résistantes, peuvent se transmettre par la chaîne alimentaire.
Rôle des antibiotiques
Les antibiotiques sont utilisés en médecine (et en médecine vétérinaire) pour lutter contre des infections bactériennes et doivent être choisis en fonction de leur efficacité sur la bactérie à combattre, ce qui peut être testé grâce à un antibiogramme.
Origine des antibiotiques
Les antibiotiques utilisés en médecine sont fabriqués à partir de cultures de microorganismes ou sont des médicaments entièrement synthétisés. Le premier d'entre eux (la pénicilline) a été découvert par Alexander Fleming, par hasard, chez le champignon Penicillium glaucum.
Un antibiotique est une substance qui a la capacité de réduire ou d'interrompre la multiplication desbactéries. Ce médicament est un composé chimique, élaboré sur la base d'un micro-organisme ou à partir de produits de synthèse.
Comment agissent les antibiotiques ?
Il existe de très nombreux antibiotiques répartis en différentes familles. Ils sont très efficaces contre les infections bactériennes, mais n'ont aucun effet sur les infections virales. Certains de ces médicaments inhibent la multiplication des bactéries. Ils sont alors dits bactériostatiques. D'autres sont capables de les détruire, et ils sont alors dits bactéricides. Comme nous l'avons vu, les antibiotiques ne doivent pas être administrés en cas d'infection virale. Inutiles dans ce cas, ils risquent au contraire de favoriser l'apparition de résistances bactériennes à ces traitements. Enfin toujours dans le but d'éviter le développement de résistances bactériennes, la durée de traitement prescrite doit impérativement être respectée. Même lorsque la fièvre et les symptômes ont disparu avant son terme, celui-ci doit être poursuivi.
Familles d’antibiotiques
Il existe de nombreux antibiotiques, qui peuvent être classés en familles selon leurs modes d'action ou leur structure moléculaire :
1. Les antibiotiques bactéricides
les bêta-lactamines (comme la pénicilline) inhibent la synthèse de la paroi bactérienne ;
les aminosides (comme la streptomycine) interfèrent avec le ribosome et empêchent la traduction des ARN messagers en protéines ;
les imidazoles ;
les macrolides (comme l'érythromycine) bloquent la sous-unité 50S du ribosome procaryote en inhibant sa translocation ou la peptidyl-transférase ;
les fosfomycines ;
les quinolones empêchent la réplication de l'ADN bactérien en bloquant l'ADN gyrase et letopoisomérase II ;
les glycopeptides inhibent la formation de la paroi bactérienne en bloquant la synthèse des peptidoglycanes ;
les polypeptides.
2. Les antibiotiques bactériostatiques
les phénicols (comme le chloramphénicol) bloquent la peptidyl-transférase du ribosome bactérien ;
les tétracyclines inhibent la fixation des ARN de transfert sur le complexe ribosome-ARN messager, et perturbent la traduction.