top of page

Votre pub 

ici

Contactez nous

Alzheimer : la nicotine protégerait le cerveau de la maladie

Inattendu : la nicotine, pourtant un poison notoire que des milliards d'habitants de la planète s'administrent quotidiennement en fumant, tout en étant pleinement conscient de ses dangers, pourrait être "le" moyen de protéger de la maladie d'Alzheimer !



Et si la nicotine protégeait de la maladie d’Alzheimer ? Voilà l’étonnante question sur laquelle travaille une équipe du département de neurosciences de l’Institut Pasteur (Paris). Pour comprendre, il faut rappeler que cette pathologie est notamment caractérisée par l’accumulation de peptides bêta-amyloïdes à l’extérieur des neurones. L’une des premières structures cérébrales touchées est cruciale dans la mémorisation : le gyrus denté. Or, les chercheurs ont remarqué depuis longtemps que les neurones de cette structure de l’hippocampe sont dotés de récepteurs à l’acétylcholine (un neuromédiateur important dans les processus cognitifs), ce qui leur confère une forte affinité pour la nicotine. Appelés pour cela "récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine", ils entraînent le phénomène de dépendance au tabac (lire l'encadré ci-dessous)… mais pas seulement.


"Il y a une quinzaine d’années, nous avions mis en évidence, in vitro, une interaction directe de ces récepteurs avec le peptide bêta-amyloïde toxique impliqué dans la maladie d’Alzheimer", explique Uwe Maskos, neurobiologiste à l’Institut Pasteur et coauteur de l’étude. En résumé, plus il y a de récepteurs nicotiniques disponibles, plus le peptide bêta-amyloïde s’y accumule. Et sa production en est stimulée. Mais dans cette nouvelle étude conduite par l’Institut Pasteur, les chercheurs ont cette fois montré le phénomène in vivo chez des souris Alzheimer dont les récepteurs nicotiniques étaient désactivés. Surprise ! "Elles n’ont pas présenté de perte de mémoire à la différence des autres souris malades", raconte Uwe Maskos.

Preuve que la liaison entre ce récepteur nicotinique et le peptide bêta-amyloïde pourrait bien être une cible intéressante pour traiter la maladie. Et c’est avec de la nicotine que les chercheurs pourraient être tentés d’agir car en se fixant sur ces récepteurs, elle les rend indisponibles au peptide bêta-amyloïde. Un apport régulier de nicotine reviendrait ainsi à empêcher l’accumulation de la protéine délétère et à prévenir les pertes de mémoire.

Pourquoi on devient dépendant Lorsqu'on fume une cigarette, la nicotine traverse la barrière hémato-encéphalique du cerveau et se fixe sur les récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine des neurones. Le récepteur nicotinique occupé devient alors transitoirement insensible à tout autre neurotransmetteur. Le fumeur chronique maintient ainsi une concentration de nicotine suffisante pour désactiver les récepteurs, entraînant une réduction du plaisir ressenti (dépendance). Après une période d’abstinence (une nuit de sommeil par exemple), la concentration de nicotine diminue et les récepteurs retrouvent leur sensibilité à l’acétylcholine, occasionnant agitation et manque.


Fumer reste un facteur de risque pour Alzheimer

D’où la question sensible : les fumeurs seraient-ils protégés de la maladie d’Alzheimer ? "Des publications l’ont tout d’abord plus ou moins laissé penser, commente Uwe Maskos. Mais elles avaient un biais." Et quel biais ! En 2010, une analyse des différentes études sur le sujet menée par l’équipe de Janine Cataldo, de l’université de Californie à San Francisco (États-Unis), a démontré ceci : sur 43 études traitant du lien Alzheimer-cigarette, un quart (11) avait des auteurs a liés à l’industrie du tabac.

Et ce conflit d’intérêt se retrouve dans les résultats, puisque systématiquement les études indépendantes ne trouvent pas de corrélation entre fumer et une protection contre Alzheimer, contrairement à celles affiliées aux industriels du tabac. Idem pour les études de suivi de population indépendantes qui ont toutes montré un risque accru d’Alzheimer pour les fumeurs, quand celles liées aux cigarettiers n’en montrent pas… "Au final, on peut dire que les données disponibles indiquent que fumer est un facteur de risque significatif pour Alzheimer", conclut Janine Cataldo.

Mais que se passerait-il si l’on administrait la nicotine seule, sans les 5000 autres composants des cigarettes, sous forme de patch par exemple ? "La nicotine a elle-même de nombreux effets délétères, alerte Uwe Maskos.Hypertension, artérosclérose, affaiblissement du système immunitaire, dépendance. Il faut faire la balance bénéfices/risques." Quant à l’e-cigarette : "on ne connaît pas encore ses effets sur les poumons, la rate, le foie…" L’équipe de l’Institut Pasteur cherche donc des financements pour acquérir une machine à faire… vapoter les souris ! Mais le mieux serait de disposer d’un médicament, qui agirait à la manière de la nicotine, sans effets secondaires. "On aura un premier candidat médicament dans un an, assure Uwe Maskos. Et un essai clinique dans trois ans."


Lire Aussi

Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
bottom of page