Smartox Biotechnology soigne au venin
Pas de potentiel thérapeutique dans les venins d’animaux ? La société iséroise Smartox Biotechnology est persuadée du contraire. Elle démontre leurs propriétés exceptionnelles pour découvrir de nouveaux médicaments au sein de Floralis, la filiale de valorisation de l’université Joseph Fourier de Grenoble, où un docteur en neurosciences a développé un procédé permettant d’étudier et de reproduire les peptides présents dans les venins. "Ces petites protéines ciblent principalement les canaux ioniques et les récepteurs couplés aux protéines G, deux classes de molécules qui jouent un rôle crucial dans le fonctionnement du corps humain,explique Rémy Beroud, le président de la start-up. Quelque 30 à 40% des médicaments commercialisés aujourd’hui ciblent ces deux familles de récepteurs."
L’innovation
Peu de sociétés s’intéressent au potentiel thérapeutique des venins. L’innovation de la start-up réside dans le choix des animaux venimeux (serpent, scorpion, araignée), la rapidité de son procédé de caractérisation des peptides et sa capacité à reproduire chimiquement les molécules les plus intéressantes.
Alors qu’il existe près de 173 000 espèces d’animaux venimeux, contenant chacune plusieurs centaines de peptides actifs, l’activité et la structure de moins de 1 500 peptides sont connues. L’objectif de Smartox Biotechnology est double. D’une part, se garantir des revenus en étudiant et en reproduisant par voie chimique ces molécules complexes. Elle commercialise déjà une centaine de peptides de venins auprès de chercheurs académiques ou industriels du monde entier. Et espère ainsi atteindre 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2016. D’autre part, la société mène des programmes de recherche sur les venins, afin d’identifier de nouvelles molécules ayant un intérêt thérapeutique et d’en déposer les licences auprès de partenaires. Elle travaille déjà avec trois laboratoires académiques pour tenter de traiter le cancer de la prostate, la leucémie et la mucoviscidose. À Saint-Martin-d’Hères (Rhône-Alpes), la start-up de six salariés, actionnaires aux côtés de Floralis, espère lever des fonds à la fin 2014. Et atteindre la rentabilité en 2015 ou 2016