Bayer : des complications avec l'implant contraceptif "Essure"
Deux procédures judiciaires civiles ont été engagées à l’encontre de Bayer et de son implant de contraception définitif. Un nouveau scandale sanitaire en vue ?
Des troubles hémorragiques, neurologiques caractérisés parfois par des paralysies temporaires, des douleurs musculaires, des sinusites chroniques… Ces pathologies diverses sont-elles liées à l’implant de stérilisation Essure, commercialisé par la firme Bayer ? C’est ce que devra déterminer l’expertise demandée par maître Charles Joseph-Oudin, conseil des deux femmes à l’origine de cette action en justice. "Une audience aura lieu fin janvier afin de faire nommer ces experts", nous a confirmé l’avocat, contacté par L’Usine Nouvelle.
L’information, médiatisée par le Parisien ce vendredi 9 décembre, avait été révélée par l’Agence de presse médicale (APM) le 10 novembre dernier. Nos confrères de l’APM écrivaient alors que les deux femmes s'estimant victimes de complications liées à l'implant de Bayer allaient assigner en justice le laboratoire ainsi que des médecins, en vue d'obtenir une reconnaissance et une prise en charge de ces complications.
"Parallèlement à ces procédures judicaires, nous allons demander à Bayer de financer les coûts de cette expertise qui sont généralement à la charge de la victime", nous a expliqué maître Joseph-Oudon. "Pour le moment, nous n’avons pas eu de réponse de la part de Bayer".
Le dispositif Essure est commercialisé en France depuis 2002, 240 000 unités ont été vendues dans l’Hexagone. Il est posé par un gynécologue obstétricien par les voies naturelles (hystéroscopie) dans les trompes de Fallope afin de provoquer une réaction de fibrose qui aboutit à leur obstruction complète et définitive au bout d’environ 3 mois. Après de nombreuses déclarations d’effets indésirables, Essure fait l’objet d’une surveillance particulière par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). "A ce jour, l’ANSM n’a pas identifié d’élément remettant en cause le rapport bénéfice/risque de ce dispositif. Néanmoins, elle souhaite rappeler aux patientes les modalités de pose de cet implant ainsi que les risques éventuels liés à cette technique", avertit l’ANSM sur son site internet.
En début d’année, l’agence avait déjà demandé à Bayer d’éditer et de diffuser une brochure d’information à destination des patientes pour les sensibiliser aux précautions à prendre au moment de la pose, rappeler les risques et inciter à un suivi gynécologique régulier. Par ailleurs, un arrêté du 5 février 2016, publié au JO le 10 février 2016, a limité l’acte de pose aux gynécologues obstétriciens ayant une bonne maîtrise de l’hystéroscopie opératoire et exerçant dans certains établissements de santé.
Une étude épidémiologique visant à décrire l’utilisation et à évaluer la sécurité de l’implant est actuellement en cours. Ses résultats sont attendus pour le premier trimestre 2017. En attendant, l'association Resist (fondée par Marielle Klein, à l’origine de cette première action en justice) réclame la suspension du produit dans l'intérêt des patientes et en application du principe de précaution.