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Test sanguin : un produit du microbiote prédit les incidents cardiaques

En mesurant dans le sang le TMAO, une molécule produite par le microbiote pendant la digestion, il serait possible de prévoir jusqu'à 7 ans à l'avance les accidents cardiaques, selon une étude américano-suisse.

L’oxyde de triméthylamine (TMAO), un produit issu de la transformation de certains aliments par les bactéries intestinales (microbiote), serait un bon indicateur de futurs incidents cardiaques. Sa concentration sanguine, mesurée chez des patients ayant déjà eu une alerte, serait, en effet, annonciatrice d’évènements graves dans les mois qui suivent, voire de décès. Tel est le résultat obtenu par les chercheurs de l’Université de Cleveland (Etats-Unis), menés par Stanley Hazen, et par différents hôpitaux suisses dont l’hôpital universitaire de Zurich et publié dans l’European Heart Journal.

TMAO. Les chercheurs proposent donc d'associer un nouveau test à la "panoplie" déjà existante et utilisée lors d'une suspicion de syndrome coronarien aigu (obstruction des artères coronaires) ou d'infarctus du myocarde : examen clinique, électro-cardiogramme et dosage biologique (Troponine). Ces examens, pratiqués aux urgences, viennent en effet confirmer ou non le diagnostic et induire un traitement lorsqu'un patient se présente avec des symptômes inquiétants (douleur à la poitrine, au cou, aux épaules et au dos, essoufflement, nausées, perte de conscience...). Désormais, il pourrait donc y avoir, en plus, le dosage du TMAO.

Un "outil additionnel" pour la prédiction.

Le TMAO est produit par les bactéries intestinales lorsqu’on ingère des aliments riches en lécithine et phospholipides choline tels que la viande rouge, les œufs ou les produits laitiers. Des études antérieures ont montré qu'il était impliqué dans le développement de l’athérosclérose, dépôt de plaque lipidique dans les artères (voir schéma). En 2013, l’équipe de Stanley Hazen avait démontré dans une étude du New England Journal of Medicine (4007 personnes suivies en cardiologie sur 3 ans) que sa présence dans le plasma et les urines étaient prédictifs d’accidents cardiovasculaires. Cette même équipe de Cleveland, associée à des hôpitaux suisses, ont ensuite observé deux cohortes de patients (2213), américains et suisses, arrivés aux urgences avec une douleur thoracique. Ceux-ci ont alors bénéficié, en plus des tests classiques, d'une mesure du taux plasmatique de TMAO avant d'être suivis pendant plusieurs années. Résultat : les patients dont le niveau de TMAO plasmatique initial était le plus élevé se sont avérés les plus à risque de faire un incident cardiaque majeur dans les 30 jours à 6 mois suivant le test. Le niveau de TMAO était également plus élevé parmi ceux qui sont décédés dans les sept années suivantes ! « L’étude démontre pour la première fois que les niveaux de TMAO sont associés à un risque à moyen terme d’incidents cardiaques majeurs mais aussi à une mortalité à long terme, parmi des patients ayant un syndrome coronariens aigu", explique Thomas Fusher de l’Université de Zurich, co-auteur de l’étude.

Les auteurs concluent que le dosage du TMAO du microbiote pourrait donc devenir "un outil additionnel pour la prédiction". En attendant, les cardiologues font-ils aussi des recommandations alimentaires pour faire baisser naturellement le taux de TMAO ? "Les résultats ne sont pas encore clairs sur ce point, répond Thomas Fusher. Pour cela, nous devons poursuivre nos travaux".



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