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Espoir de guérison pour la leucémie myéloïde chronique

Des chercheurs français montrent l'utilité d'un antidiabétique pour les patients atteints de cette maladie du sang.

L'arrivée sur le marché de thérapies ciblées il y a une quinzaine d'années a fait bondir l'espérance de vie des personnes atteintes de leucémie myéloïde chronique (LMC), une maladie du sang qui compte 600 nouveaux cas en France chaque année. Cette fois, c'est même la guérison qui se profile, avec la découverte par une équipe française de mécanismes permettant d'étouffer les risques de réveil de la maladie.

La leucémie myéloïde chronique se caractérise par une production excessive de globules blancs par des cellules souches malignes de la moelle osseuse. Le traitement de référence, des thérapies ciblées qui inhibent l'activité de l'enzyme tyrosine kinase (TK), agit sur les cellules tumorales émanant de ces cellules souches. Mais ces dernières ne sont pas détruites pour autant, et, en cas d'arrêt du traitement, se réveillent chez une majorité de patients.

Parvenir à supprimer cette menace est le Graal que laissent espérer les recherches menées par Stéphane Prost (CEA/iMETI), Philippe Rousselot (hôpital Mignot, Versailles) et Philippe Leboulch (CEA/iMETI). Publiés mercredi dans la revue Nature, leurs travaux montrent qu'un médicament déjà autorisé et utilisé contre le diabète de type 2, la pioglitazone, permet de détruire ces cellules souches dormantes lorsqu'elle est donnée en même temps que la thérapie ciblée. «La pioglitazone rend les cellules souches dormantes sensibles à l'action de l'inhibiteur de TK», schématise Stéphane Prost. L'objectif est d'atteindre l'éradication des cellules souches, du moins une présence indétectable, lors d'analyses extrêmement sensibles (PCR). On parle alors de rémission moléculaire complète.

Pour vérifier sur l'homme l'efficacité de cette combinaison thérapeutique inédite, les chercheurs l'ont d'abord testée en 2012 sur des diabétiques souffrant aussi de leucémie myéloïde chronique. L'essai a été renouvelé auprès de 24 personnes, non diabétiques cette fois. «La pioglitazone potentialise l'effet de l'insuline mais ne fait pas baisser d'elle-même la glycémie. Il n'y avait donc pas de danger pour les non-diabétiques», précise Stéphane Prost. Les patients n'ont toutefois reçu qu'un an de cette molécule, en raison d'une suspicion d'un faible surrisque de cancer de la vessie en cas de longue exposition, explique le Dr Aude Charbonnier (Centre anticancéreux Paoli-Calmettes), qui a participé aux essais cliniques. «Mais une étude parue depuis remet en cause ces conclusions qui avaient conduit au retrait du médicament en France», remarque Stéphane Prost, ajoutant que d'autres molécules aux propriétés similaires vont être testées.

Rémission moléculaire complète

Cinq ans après, les trois premiers patients traités sont toujours en rémission moléculaire complète. Lors du second essai, la même efficacité a été obtenue chez 57 % des participants, contre 27 % si l'inhibiteur de TK était pris seul. Les malades continuent toutefois de prendre leur thérapie ciblée après l'arrêt de la pioglitazone, sécurité oblige. «On parle pour l'instant de rémission solide. Pour parler de guérison, il faudrait pouvoir arrêter le traitement avec l'assurance que la maladie ne repartira pas», explique le Dr Prost.

Ce sera l'objectif d'essais cliniques à venir. Car les inhibiteurs de TK sont un traitement à vie parfois difficile à supporter en raison de ses effets secondaires. Par ailleurs, «leur coût élevé, 2000 euros par mois pour le moins cher, va poser un problème de société, le nombre de personnes concernées augmentant chaque année», souligne le Dr Charbonnier.

«C'est un axe de recherche très original et intéressant, d'autant que l'on voit déjà poindre l'application clinique, ce qui est rare pour ce genre d'étude, salue le Dr Sylvain Choquet, hématologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris. «L'effet est observé pour la LMC mais aussi sûrement pour d'autres cancers qui partagent ce mécanisme, et ils sont potentiellement nombreux», ajoute le Dr Amine Belhabri (Centre anticancéreux Léon-Bérard, Lyon). L'équipe de l'iMETI a déjà commencé à explorer cette piste dans d'autres hémopathies proches de la LMC.


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